Tlatelolco – la Place des Trois Cultures (rattrapage 2010)

La place de Tlatelolco est appelée « Place des Trois Cultures », et une fois sur les lieux on comprend rapidement pourquoi. Ruines aztèques au premier plan, église et couvent au second, le tout sur fond de barre d’immeubles.

Ci-dessous, l’église de Santiago, qui date de 1610, construite en pierre de lave.

Les trois cultures qui aujourd’hui apparaissent côte à côte à Tlatelolco sont les trois temps importants du Mexique : la période aztèque, le temps de la colonisation espagnole et l’époque moderne. Tlatelolco était à l’origine le grand marché de la vallée de México, fournissant aux habitants des marchandises venues de toute la Mésoamérique. Le Rungis de l’époque. C’était le bon temps… Parce que l’histoire de Tlatelolco est ensuite tristement marquée par deux gigantesques bains de sangs.

Le premier sonne la fin de la période aztèque et le début de la colonisation : c’est le premier massacre de Tlatelolco, administré aux mexicas par ce bon vieux Hernán Cortés et son équipe de nettoyage. Les estimations donnent 40 000 indigènes morts ce jour-là.

« Le 13 août 1521, héroïquement défendue par Cuauhtemoc, Tlatelolco est tombée aux mains de Hernán Córtes. Ce ne fut ni une victoire ni une défaite : ce fut la douloureuse naissance du peuple métisse qu’est le Mexique d’aujourd’hui. »

Le second bain de sang est celui d’octobre 1968. La communauté étudiante (et bien plus) est en plein « mai 68 mexicain » à quelques jours du début des Jeux Olympiques : paniqué, le président PRI de l’époque, Gustavo Díaz Ordaz, donne l’ordre de faire taire la révolte étudiante. Rien de tel qu’une bonne boucherie… qui n’a jamais eu lieu (en mode « je ne vois pas de quoi vous parlez »). Le nombre de victimes varie de 20 à 300, voire beaucoup plus selon les sources. Des centaines sont (gravement) blessés ou disparaissent, des milliers sont emprisonnés, certains ne seront relâchés qu’en 1971. L’Histoire et ses traits d’ironie : on pousse jusqu’à lâcher des colombes le jour de l’inauguration des J.O.

« Aux compagnons tombés le 2 octobre 1968 sur cette place »…
[…]
« Qui c’est ? Qui sont-ils ? Personne, le lendemain, personne. Au matin, la place était propre. Les journaux ne donnaient que la météo, et à la télé, à la radio, au cinéma, il n’y a eu aucun changement de programme, aucune annonce intercalée, ni une minute de silence lors du repas. (Du fait, le repas a suivi son cours). »

Détail des ruines aztèques

4 réponses à “Tlatelolco – la Place des Trois Cultures (rattrapage 2010)

  1. Dominique Arnaud 29/05/2012 à 01:14

    très intéressant, je ne connaissais pas, merci!

  2. Stéphane Barbier 26/10/2012 à 16:56

    J’en reviens à l’instant ! c’est véritablement un endroit chargé d’histoire(s) et d’émotion. C’est l’illustration parfaite des contrastes de cette ville.

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